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études - Blog Posts

11 years ago

Itinéraire idéal d’un imposteur malheureux

Je n’aime pas trop parler de moi, surtout pour me plaindre.

À ceux qui savent qui se cache derrière mon pseudo, merci de garder ce qui suit pour vous.

Aujourd’hui comme tous les jours depuis un an et demi, je vais travailler pour une grande entreprise, ou je vais occuper un poste considéré par beaucoup comme valorisant et enrichissant.

Et pourtant, je n’arrive pas à me réjouir de cette position si enviable.

Pire, Lundi prochain, je prendrai un nouveau poste. Bien payé, en CDI, qui offre de belles opportunités de carrières.

J’ai toujours été quelqu’un avec des « capacités ». Apprentissage facile, toujours dans le « peloton de tête » sans forcer. Curieux, timide, un peu glandeur, car surtout rêveur. « Il est un peu dans la Lune », « Encore dans ses bouquins », « Il préfère rester dedans que d’aller voir ses copains » les litanies entendues par les geeks en puissance pendant leur enfance.

« Et tu veux faire quoi quand tu seras plus grand »

Je sais pas. Enfin, si, je sais, mais vous, vous n’avez pas à le savoir. Et puis quand je l’ai dit, j’ai essuyé les regards moqueurs.

Professeur. Professeur de Physique-Chimie. Une noble profession pourtant.

« Mais bon, tu comprends, ce n’est pas sûr que tu aies le concours ». C’est vrai, je suis plutôt flemmard, je n’ai pas la sacro-sainte « méthode » pour réviser pendant 10 heures efficacement. Je déteste « gober » des connaissances. Alors autant jouer « safe ».

Une fois mon Bac S en poche, avec une médiocre mention Assez Bien accolée dessus (saloperies de maths), le choix se pose.

Fac ? Pas assez mature, ne tiendra pas le rythme, trop perché, manque d’indépendance. Prépa ? Mes résultats en dents de scies ne m’ouvrent les portes que de quelques écoles locales, plutôt médiocres. DUT. Ha ! Des cours sympas, plein de science, avec beaucoup de pratique. Impeccable !

Je suis admis, et encore une fois, flotte aisément dans le tiers supérieur de la promo, sans trop forcer. C’est cool, l’année prochaine, je vais en licence et je passe le concours dans la foulée.

Nous sommes en 2009. Réforme de l’éducation. Les modalités d’accession au concours du CAPES sont modifiées.

Il faut un BAC +5.

Putain, Sarko, celle-là, je ne l’ai toujours pas digérée.

Encore une fois, le temps des options :

Fac ? Mes résultats me le permettent, mais la fac de Montpellier est un bordel monstre (source : ma copine de l’époque), pour une année, ça aurait fait l’affaire, pour trois, hors de question. École d’ingé ? Hmmm, ça va être dur de rentrer, je ne pensais pas avoir besoin de gros résultats, du coup, je risque de me planter. École d’ingé en Alternance ? En théorie, le paradis. Payé (une misère, certes, mais bon), formation pratique, avec des bons cours (de l’école des Mines, ce n’est pas rien bordel) et possibilité de passer le concours à la sortie, tranquillement. En plus je trouve une alternance dans une boite de métallurgie, en centre de recherche. Cool, de la science un peu théorique, des labos, de la chimie.

Dans la pratique, ça a sans doute été les pires années de ma vie au niveau professionnel. A l’école : des cours généraux chiants (RH, je crie ton nom) voire carrément gerbants (finance, marketing, je vous hais), et un formatage flippant. Le peu de « science » sont des trucs très basiques, torchés facilement. Les autres élèves sont inintéressants au possible et intéressés par le côté « management » de la formation (WTF). Ma motivation chute, mes notes stagnent mollement dans le milieu de promo.

En entreprise, ce n’est pas mieux : management a la ramasse, tuteur brillant mais surchargé, projets chiants et sans rapport avec la métallurgie ou la chimie, pas de connaissances des process. Bref, je nage en plein brouillard, sans guide ni envie d’avancer.

A cela s’ajoute l’éloignement, mon alternance me coinçant entre Grenoble et Saint-Etienne (une belle ville de merde), loin de Narbonne et Montpellier. C’était sans doute ça le plus dur : la solitude dans une région inconnue, loin de tout, de tout le monde.

Et toujours, cette impression d’avoir fait le mauvais choix, de ne pas être à la bonne place.

Coucou la déprime, coucou les pensées suicidaires.

Ca s’arrange un peu pendant les deux dernières années. Je rencontre des gens qui deviendront des amis très chers, et je pratique beaucoup le jeu de rôle, en tant que MJ puis joueur.

C’est la fin, mais ma motivation est au plus bas. Tout le monde se congratule de ma réussite, de mon diplôme, de ce statut d’ingénieur (unique dans la famille). Vous voyez, l’ascenseur social de l’éducation, ça marche ! Et il a trouvé un V.I.E en Angleterre ! Ah ça oui, on peut parler d’itinéraire idéal. Et dire qu’il voulait faire prof, haha, ça lui a passé !

Ouais, ça m’a passé. Ça ne m’enchante plus comme avant. Alors, je fais quoi maintenant ?

Je suis ingénieur, bilingue, cadre dans une grande entreprise, et je ne peux pas dire que j’aime ça. Je suis un imposteur, et je n’ai rien à faire ici. J’y suis par réflexes soci(ét)al plus que par ma propre volonté.

Le pire, c’est que je ne sais même pas ce que j’aurai pu changer dans mon parcours. Tout ça paraissait logique, évident. Cette force invisible qui vous pousse toujours plus haut. Ces parents, ces profs, ces conseillers d’orientation (je vous chie dessus, incompétents que vous êtes).

A l’époque, je n’avais pas la force de résister à cette force invisible.

Je ne suis toujours pas sur de l’avoir.

Et putain, je me hais pour ça.

Depuis tout ce temps, je n’ai pas cessé d’être curieux, de rêver, de penser. J’aimerai scénariser des jeux ou des films. J’ai des dizaines d’idées, des mondes qui bouillonnent là-dedans. Des intrigues, des mythologies, des drames et des tragédies.

Alors, je fais quoi maintenant ?


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12 years ago

Parfois, j'aimerais être comme le Docteur et lire des livres juste en feuilletant rapidement les pages.


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12 years ago

Pression et dépression

(MONA, la jeunesse stressée, étudiante à bouts de nerfs, environ 20 ans

ELIAS, la jeunesse libre, nomade, environ 20 ans.

La scène s'ouvre sur MONA devant un ordinateur, assise à son bureau recouvert de papiers, de manuels de toutes sortes, etc. Mais elle ne travaille pas. Elle fixe un point, épuisée.)

MONA, (seule) :

J’ai quelque chose au fond de l’âme qui refuse de partir. Ce sentiment de lassitude me déconcerte. J’avais une certitude qui perd de sa force. Je m’ennuie du temps jadis, béni, où j’étais libre de mes choix, de mes mouvements et où je ne sentais aucune obligation envers personne. Mais aujourd’hui… mes gestes posés me laissent comme un goût rance dans la bouche. Aujourd’hui, j’aimerais laisser tomber tout ce qui utilise des heures stériles dans des gestes qui me semblent inutiles. Dissertations, lectures, travaux, études, virgule de mes deux, lointaines amitiés, proches amours, jalousies professionnelles... Je m'y noie, je coule ! Aidez-moi quelqu'un ! J'aimerais remonter à la surface, me frayer un chemin vers la rive salvatrice. Au secours... Eau secours... Cet échantillon de mer qui coule de mes paupières, j'aimerais remonter à sa source, au confluent de la liberté et des voyages. Voyages vers des contrées inconnues, vers des peuples méconnus. Viens glisser entre mes boucles cette fleur de lotus. Que le papillon déploie ses ailes et fuit dans le lointain, dans l'immensité du ciel. J'aimerais être cette bulle qui traverse les nuages, cette bulle qui rêvait de voyages. Cette bulle si légère aux couleurs de l'arc-en-ciel. Le bonheur serait-il dans la fuite ?

(Entre Elias.)

ELIAS :

Viens ! Viens ! Laisse tout tomber. N'as-tu pas déjà trop gaspillé tes si précieuses années de jeunesse ? Laisse tout tomber. Suis-moi, et fuis la réalité, fuis la stérilité. Viens faire quelque chose de tes dix doigts. Quelque chose d'utile. Qu'as-tu appris de tes années d'étude ? La vraie école, c'est la vie, les voyages. Tu connais la chanson, les voyages forment la jeunesse.

MONA :

J'aimerais tellement te croire, mais il y a tant de monde qui compte sur moi, tant de monde qui a mis ses espoirs sur mes frêles épaules. Mais ai-je assez de puissance pour faire ce qu'ils attendent de moi ? Suis-je assez forte pour supporter tous les problèmes de cette société malade ? Violence, guerre et paix, pollution, vieillissement de la population, système de santé déficient, surpopulation, famine, sécheresse, réchauffement planétaire, pauvreté, crise économique, catastrophes naturelles, suralimentation, sous-alimentation, érosion des sols, fonte des glaciers, espèces en voie d'extinction... C'est trop pour moi...

ELIAS :

Allez viens. Profite du monde pendant qu'il en est encore temps, dans cinq ans, il sera sans doute trop tard. Quand tu reviendras, il sera encore temps de te plonger dans tout ça. Mais pour l'instant, ce n'est pas en restant sur les bancs d'école que tu récolteras le savoir nécessaire pour réfléchir à ces problèmes. Si tu ignores ce qu'ils sont, si tu ne les as pas vus de tes propres yeux, tes professeurs auront beau te les décrire à coup de Power Point et de lectures stériles, tu ne comprendras pas, tu ne retiendras rien. Allez ! Viens ! Sauve-toi, c'est le moment.

MONA, (déployant ses ailes) :

Dans six mois, dans un an, il sera encore temps...

ELIAS, (posant sa main sur l'épaule de MONA) :

Dans six mois, dans un an, tu comprendras.

(Ils sortent.)


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