"Tu n'as pas à être ici. Il suffit de faire demi-tour, c'est si trivial... Tourne simplement le volant et le futur change.
- Ça n'est pas aussi simple.
- Ça l'est.
- Certains événements dans nos vies sont inévitables. Il y a des choses que tu ne comprendras jamais sur mon monde, comme il y en a que tu ne comprendras jamais sur le mien.
- Mais je comprends ce que je ressens pour toi... et d'une quelconque manière, je sais que tu ressens la même chose."
La voir bouger, c'était la voir penser. Sa colère même était déliée, fouillée. Elle me rappelait cette intuition de Deleuze, que je lui avais répétée cinquante fois : que le charme était la vie du visage, était l'effet d'un visage qui vit.
Alain Damasio, Les furtifs
Et quelle belle symphonie que nos doigts enlacés...
"Rêvons-nous ? N'ai-je à prononcer qu'un nom précis pour que tout fasse sens, pour qu'adviennent de petits miracles, et être entraîné de plus en plus profondément dans l'enchantement ? Les étoiles chantent, c'est un bruissement aigu ; je n'essaierai d'en convaincre personne, mais ce soir là nous l'avons entendu."
“Are we dreaming? Do I have only to pronounce a certain name, so that everything will come together, small miracles will happen, and I will be drawn deeper and deeper into an enchantment? The stars sing, it is a high whirring sound; I will not try to convince anyone, but we heard it that night.”
— Christa Wolf, from Cassandra: A Novel and Four Essays, trans. Jan van Heurck (Farrar, Straus, and Giroux, 1984)
Ils sont si primordiaux, les mots. Ils peuvent être petits ou gros. On a parfois le juste ou le bon, Parfois, ils manquent de fond. On se dit qu'on passe pour un con, Et puis quelqu'un vous répond. Un nouveau vocabulaire s'apprend, et surtout se comprend. Avec des mots, on croise le fer, On alimente et amorce la guerre. On crée un monde en quelques phrases, Que quelques silences parfois écrasent. Quelques ponctuations tissent des liens, si forts que l'on invoque le destin. De la prose ou quelques rimes, Sautent les murs, passent les abîmes. Tant d'années passée mais maintenant, je sens que je conjugue différemment. Tu es mon complément, mon objet, Conjointement, la base et la finalité. Chaque page d'un dictionnaire unique, Donne une leçon au millénaire lexique, Des mots communs et empruntés. Depuis que tu me comprends, je sais parler.
Quelques mots au milieu d’une fiction, Révèlent ce qui échappe à la narration.
Si on les voit, sait-on les lire Et un jour les faire sortir du livre ?
“Continue, dit la voix. Malgré toutes les raisons d'abandonner. Un pâle soleil touche la vitre, dessine des ombres soudain plus nettes. Qui te fait signe - une aile passe - et pour dire quoi ?”
— Jacques Ancet - L’imminence et l’oubli
Gabriel Garcia Marquez - L'Amour aux temps du choléra
Mon bonheur : Souvent j'en rêve, parfois je l'écris. Mon malheur : Jamais n'en crève, plutôt j'en ris.
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